dimanche 27 juin 2010

Au commencement ...

Antoine Evoloko est un chanteur et compositeur né le 20 mai 1955 à Kinshasa dans l'actuel République Démocratique Congo, alors Congo Belge.
Alors qu'il est encore collégien à l'Athénée de Kalina à Kinshasa, il entreprit sa carrière d'artiste dans le groupe Map'S Iyambolé, composé d'élèves de son collège et dont les fondateurs furent Flory Muibu et William Bobabo.
Les Map'S comptait parmi les orchestres qui faisaient la pluie et les beaux temps à l'époque et qui a ridiculisé à maintes reprises le Zaïko Langa-Langa des premiers mois (début 70) aux Perruches Bl
eus (Chez Gérard Kazembe). C’était un groupe apprécié par les jeunes de cette période. Aux "commandes" de l'attaque-chant de ce groupe, un chanteur et danseur émérite de 16 ans, Antoine Evoloko.

Pour déstabiliser ce groupe de Kalina, les mécènes de Zaïko se décidèrent à débaucher Anto Evoloko pour renforcer l’attaque-chant moribond de leur groupe. Sans plus attendre, Les Map’s le remplaça par Corneille Gina Efonge. Mais, lui aussi se laissa séduire par les dirigeants de Zaïko et rejoignit Antoine Evoloko au sein de ce groupe.

«Je peux vous dire franchement qu’avant qu’Evoloko Anto et Gina wa Gina fassent partie de Zaïko Langa Langa, l'attaque chant de ce groupe était nul, hormis Jules Presley dit Papa Wemba qui se démarquait», déclare ouvertement Vickyris, le grand patriarche.
Dans Zaiko Langa-Langa nouvellement formé, on reconnaît en lui la première super star de la musique congolaise moderne et l'un des artistes musiciens qui ont marqué la musique populaire moderne de l'Afrique. Il était, avec Pépé Felly Manuaku, le plus jeune du groupe et en était pourtant le meneur. Et cela, grâce à son talent immense et naturel qui laissait tous les autres sur
le carreau. Son éducation catholique et son passage à l'athénée de la Kalina marqueront profondément l'œuvre artistique du chanteur-compositeur, qui articule mieux que quiconque les paroles de la Bible dans ses chansons. Pourtant, Antoine Evoloko aborde la musique avec timidité et réticence, comme s'il pressentait que son destin était ailleurs que dans la musique. Il adorait chanter, s'amuser et aimait l'attention que le public lui portait. Mais il hésitait entre faire la musique, poursuivre les études ou devenir prêtre. Pourtant, c'est la musique qui finira par le choisir alors qu'il n'y prêtait pas vraiment attention. À 18 ans, Anto Evoloko devint une superstar qui brillait dans tout Kinshasa. Pour beaucoup de ses pairs, et pour la jeunesse congolaise, Evoloko fut l'idole, le modèle à suivre et le leader incontesté du groupe Zaiko. Evoloko « l’homme », fut connu pour son humilité touchante, son sens d’abnégation et sa timidité pathologique. Par contre, Evoloko « le musicien » fut manifestement orgueilleux, dominateur, naïf et trop centré sur lui-même au point que ses relations avec les autres artistes de sa génération furent pour l'essentiel, caractérisées par une arrogance exacerbée. En fait, il n'y eut pas place à l'équivoque : Zaiko fut Evoloko. Il était beau, dynamique, talentueux et surtout il inventait par sa façon de s'habiller, par son rythme Cavacha et ses chansons et son look attirèrent irrésistiblement tous les jeunes Congolais de l'époque. En fait, de 1970 à 1975, Evoloko s’imposa tout naturellement sur ses collègues de Zaïko Langa Langa. Il fut alors le jeune premier à qui tout Kinshasa voulait ressembler.

Durant les cinq premières années de l'orchestre Zaïko Langa Langa, Evoloko commanda le groupe car la première cuvée de Zaïko Langa Langa porta son estampillage. Sa seule présence fut le moteur qui faisait tourner Zaïko Langa Langa. Le succès qu'il connut auprès des jeunes et de ses chansons mélodieuses allaient bientôt en faire une légende. Il lança successivement des chansons telles que Francine Keller, Charlotte Adieu na Athenée, Bakumba, Onassis, Eluzam et Mbeya-Mbeya qui furent considérées parmi les meilleures chansons des années 1971, 1972, 1973 et 1974 et demeurent des classiques de la musique congolaise moderne.

Mais le succès et l'argent eurent bientôt raison du jeune talentueux musicien. Ainsi, la naïveté et l'arrogance, déjà bien présentes chez Evoloko, deviendront encore plus exacerbées. Gina, son ami de toujours, est très peu emballé par la filiation de Zaiko aux rythmes de Yéyé National et Los Nickelos, groupes formés par les étudiants congolais de Belgique, les "belgicains". Ils formèrent alors un groupe de Nzong-Nzing (groupe pirate) qu'ils nommèrent "ISIFI". Dans ce groupe, ils enregistrèrent les chansons Mamalé (Gina) et Debambongo (Anto), avec notamment la prestation de Bozi Boziana, alors sociétaire de Minzoto Wella-Wella du Père Buffalo. Comme le définit Gina, ISIFI n'est pas, à proprement parler, un groupe de musique, mais un groupe où ils essayaient d'inculquer leur vision des choses sur la vie des jeunes premiers, appelés à devenir des idoles. C'est ainsi que cet acronyme eut comme explication Institut des Savoir et des Idéologies pour la Formation des Idoles (sic). C'est vrai, ça veut tout dire et rien dire !!
Quelques temps après, Gina fut sujet à des troubles mentaux qui l'éloignèrent de Kinshasa. L'attaque-chant de référence, le carré magique Anto - Gina - Jules - Siméon, s'en trouva bancale. Les chanteurs Bimi et Nyoka, exclus de ce carré de stars, pensèrent que l'occasion était toute trouvée pour intégrer enfin cette bulle qui leur était hermétiquement fermée. C'était sans compter avec Anto Evoloko qui manœuvra habilement et fit intégrer son autre ami Mbenzu Boziana (alias Benz Bozi) pour reformer le quatuor gagnant. Il faut se rappeler qu'au fil du temps, Evoloko, devenu la star incontesté du groupe et Gina, son ami et alter-ego, ne se pointaient jamais en début des productions et c'est Jules
Presley Shungu (Papa Wemba) et Siméon Mavuela, accompagnés de Bimi et Nyoka, qui assuraient les débuts de productions scéniques (première partie). L'arrivée d'Evoloko et Gina faisaient interrompre la musique et Bimi et Nyoka quittaient la scène. En effet, une grande partie du public ne rentrait pas dans la salle tant qu'Evoloko et Gina n'étaient pas arrivés. Et leur arrivée provoquait des flots d'acclamation et un tel mouvement de masse que la musique ne pouvait que s'arrêter. Ce qui agaçait bien sûr beaucoup dans le groupe. Et l'arrogance d'Evoloko devenait de plus en plus insupportable.
Sur les conseils très intéressés de Lossikiya Maneno et son bouillant neveu Gaby Lita Bembo, Evoloko éleva son statut de star à l'excès, oubliant que le but de ses deux généreux conseillers était de déstabiliser ce groupe qui leur faisait ombrage.